Les textes des chapitres Histoire et Patrimoine sont de Jean Rochefort.


L'Eglise Saint-Martin


Villers en Arthies est érigée en paroisse en 1060. L'église dédiée à St Martin date du XIè siècle. La voûte ancienne datait du XIIè, " début du style ogival ". Mme Monique RICHARD-RIVOIRE signale des traces de " roman " à la porte latérale, aux baies et sur le clocher.

Après la guerre de Cent-Ans (1346-1453), les églises, depuis longtemps négligées, sont restaurées ou reconstruites. A Villers, au XVIè, on ajoute un bas-côté le long de la nef et du chœur, de même hauteur que la nef dont on refait la voûte.

On remarque 5 baies à " tiers-point ", mais avec " remplage de style Renaissance ", c'est à dire avec deux formes en " plein-cintre surmontées d'un oculus ".
Le chœur est fortement dévié vers le nord.
La chapelle de la vierge occupe le croisillon droit ; celle de St Martin, appelée par certains anciens la chapelle St Joseph, est à gauche. Le mobilier a été détruit à la fin de la guerre de 1939-1945.
L'abbé D'ORANGE fit installer un chemin de croix d'inspiration naïve. L'évêque de Versailles, monseigneur RENARD, le bénit en 1962.
La sacristie, sur la droite de l'édifice, a été réparée et remaniée en 1887. La date figure au-dessus de la porte d'entrée.
L'abside originelle, détruite à la Libération, est remplacée par une autre à 7 pans, plus lumineuse, sur les plans d'Edouard UTUDJIAN, architecte spécialiste de l'art religieux arménien.

Le clocher " barlong " (côté plus large de face) se dresse sur le croisillon nord, exceptionnel dans le Vexin. On y accède par un escalier logé dans une tourelle ronde située à l'angle du clocher et du bas-côté. Il comporte 3 étages : le 3è est percé de 2 ouvertures jumelées en tiers-point sur chaque côté ; le 2è n'est percé, sur chaque côté, que d'une fenêtre en plein-cintre. Le portail est surmonté d'un " tympan orné de fers à cheval en faible relief " avec, au centre, une niche dont la statue a disparu. Les 2 vantaux du portail principal , celui de la porte latérale et la frise de l'archivolte du tympan méritent aussi un arrêt afin d'apprécier le travail des sculpteurs.
L'église a été inscrite à " l'inventaire supplémentaire des monuments historiques " par l'arrêté du 13 novembre 1939.

Hélas, en septembre 1944, au moment de la Libération, elle est détruite en grande partie. La reconstruction sera longue à cause des démarches administratives(dommages de guerre) et des relations avec les Bâtiments de France. Elle se fera en deux temps.
De 1946 à 1953, les murs, les voûtes de la nef, du bas-côté et du transept, la sacristie sont réparés.
A l'arrêt des travaux, le sol est toujours défoncé, les gravats encombrent la nef, les ouvertures ne sont pas vitrées … Des bénévoles (paroissiens, villageois, scouts …) tentent de nettoyer la nef pendant que la municipalité multiplie les démarches auprès de l'administration et des banques.

De 1958 à 1961, un emprunt communal et une souscription permettront d'achever les travaux, en particulier les voûtes de l'abside et du chœur en bois dans " le style du XIIIè ". La pierre de l'autel, simple table, provient de l'église St Gervais et St Protais de Gisors.

De 1980 à 1984, dans le cadre d'un contrat régional du Vexin occidental, on répare la couverture et la maçonnerie du clocher ainsi que l'horloge. On en profite pour remplacer la girouette. Jean-Luc LIEVYNS fabrique un coq qu'on baptise pendant la messe de Noël 1984 en sa présence (parrain) et celle de Mme Sylvie ROGER de VILLERS (marraine).


Le Château


Qu'on vienne de Vétheuil, de Chaussy ou d'Aincourt, c'est lui qui attire d'abord l'attention du voyageur. L'allée bordée de tilleuls plusieurs fois centenaires n'est que le vestige d'une avenue majestueuse qui partait de la route de Vétheuil, près de la mairie, pour aboutir à la grille en fer forgé. La partie basse était bordée d'ormes qui ont été abattus en 1939.

Château, modeste et discret, dans son " écrin boisé ", majestueux et attirant par certains détails. Des guides touristiques et des inventaires l'ont maintes fois décrit.

Qui l'a construit ? A quelle époque ? Aucun document n'a été trouvé jusqu'à ce jour. Tous les spécialistes s'accordent pour le début du XVIIè siècle.
Certains auteurs signalent la présence d'une " tour de la Reine Blanche " dans le parc. Or, c'est l'aile gauche du château qui est ainsi nommée. En effet, les fondations et l'épaisseur de ses murs " rappellent celles des murailles de défenses ". On pourrait en conclure que le château actuel aurait été élevé sur les restes d'un donjon. La majorité des historiens pensent à un rendez-vous de chasse, situé dans la " Forêt royale d'Artie ", où la reine Blanche de Castille attendait son fils Louis IX occupé à chasser.

La grille d'entrée est surmontée d'un blason " d'azur au coq d'argent, sur un rocher de six coupeaux, supportant une couronne de comte, le tout maintenu par deux chevaux contournés ". Dans son armorial de 1879, A. POTIQUET écrivait " 15 coupeaux ".
Le plan incliné et la pelouse n'existaient pas. L'ensemble était au niveau de la grille d'entrée. Les ROGER de VILLERS possèdent un tableau représentant un terre-plein aménagé en jardin à la française avec deux allées latérales bordées de tilleuls argentés  conduisant au niveau des caves. On accédait à la terrasse par deux escaliers droits symétriques par rapport à la porte d'honneur du château. D'ailleurs, dans un inventaire réalisé en 1777, on lit : " Dans le gros pavillon, au premier étage, dans une chambre ayant vue sur le parterre … ".

Dans le parc une excavation reste le témoin de l'ancienne glacière dont " la voûte  d'entrée " s'est effondrée.

Le " Temple du vrai bonheur ", construit en 1790, par Alexandre François ROGER de VILLERS, à la mémoire de sa première femme, Catherine VERNAY, " morte en couches en lui laissant un petit garçon ", comporte une porte ouvrant sur le vide. Sur le fronton de la façade sans profondeur, on lit une inscription en latin : " OPTIMAE CONJUGI " (A la meilleure des épouses).
De son second mariage, il aura cinq enfants, tous morts en bas âge. Il éleva un autre bâtiment pentagonal, appelé " Champigneules ", autant de côtés que d'enfants disparus, qui fut détruit par un obus en 1944.
Une orangerie paraissait sur le plan du cadastre vers 1860.

Les façades et les toitures ont été inscrites à " l'inventaire supplémentaire des monuments historiques " par arrêté du 20 juin 1945.
Le parc qui l'entoure, d'une superficie de 28 ha, est devenu site classé du Vexin français en 1972.





Le foyer rural de Villers a organisé une exposition des "Anciennes cartes postales".
Elle est en ligne
ici